
Vertige Dentaire : Pourquoi osons-nous employer cette expression étrange ?
Depuis 30 ans, au moins, les spécialistes du dysfonctionnement tempo-mandibulaire dont j’ai l’honneur de faire partie s’accordent à reconnaître que le bruxisme est une cause certaine des vertiges idiopathiques.
Lexique
Idiopathique : de cause inconnuePour quelle raison les spécialistes s’accordent-t-ils à reconnaître une proposition qui semble de prime abord une aimable plaisanterie ?
Il est plus que normal de douter devant cette idée : la dent donnerait des vertiges ? Vous plaisantez !
Je n’ai jamais été aussi sérieux.
Tout au long de ma carrière de chirurgien-dentiste, d’enseignant chercheur et Professeur à la Faculté Dentaire de Marseille, j’ai été confronté à des centaines ou des milliers de cas : des patients, souffrant de vertiges idiopathiques ont été identifiés par mes collaborateurs et moi même comme patients présentant un bruxisme.
Encore une fois, pour expliquer cette improbable relation entre bruxisme et vertiges idiopathiques il faut s’adresser à la neuro-anatomie et à la neuro-physiologie. Disciplines que j’ai enseignées pendant 10 ans en Faculté.
La neuro-anatomie nous enseigne que les récepteurs tactiles dentaires sont susceptibles d’envoyer leurs messages sensitifs jusqu’au cervelet, centre de l’équilibre et jusqu’aux Noyaux Vestibulaires, autre centre de l’équilibre. Il alors est aisé de comprendre qu’un excès d’informations puisse dérégler le fonctionnement harmonieux de ces centres.
Le schéma ci-dessous l’illustre clairement.

Si vous avez lu sur ce site, d’autres articles sur d’autres pathologies de cause dentaire, vous pouvez à juste titre vous dire que c’est « encore » une fois le même mécanisme que nous ré-expliquons. Et vous avez « presque » raison.
Pourquoi « presque » ?
Parce que si les récepteurs tactiles dentaires sont susceptibles d’envoyer leurs messages sensitifs « loin » des dents, ce qui a été prouvé, il n’existe aucun moyen de savoir « pourquoi ». En d’autres termes, on ne peut expliquer pourquoi en cas de serrement trop intense et/ou trop prolongé des dents, tel patient va avoir des migraines, ou des troubles digestifs, ou respiratoires, ou urinaires… et j’en passe, alors qu’un autre va avoir des vertiges. Et c’est bien là, la raison qui nous pousse à traiter tous les cas que nous avons identifiés dans des articles séparés. Au risque de sembler nous répéter.
Conseil aux patients concernés pas ces vertiges :
Nous savons par expérience que lorsque l’on explique à un patient que ses dents (en cas de serrement trop intense et/ou trop prolongé) ont de forte chances de provoquer des troubles lointains, il y a quasiment toujours une incrédulité bien compréhensible. Et pourtant…
A noter, dans la maladie de Menière, les vertiges idiopathiques sont classés parmi les plus constants symptômes. Si vous en souffrez… observez-vous soigneusement :
Tout patient peut:
- soit crisper les mâchoires dents serrées de manière intense et/ou permanente
- soit crisper et grincer simultanément
- soit, sans effort, laisser toujours ses dents en contact simplement
- soit « frotter légèrement sans cesse » jour et nuit les dents entre-elles
Bibliographie
…et ouvrez la référence bibliographique pour accéder à l’article original (quand disponible)Bjorne A, Berven A, Agerberg G (1998) Cervical Signs and Symptoms in Patients with Meniere’s Disease: A Controlled Study. J Craniomandib Pract 16; 3: 194-202
Bukowska D, Grottel K (1997) Cells in and outside the motor trigeminal nucleus projecting to the cerebellar paramedian lobule. Neuroreport 8; 8, 13: 2953-6
Bukowska D, Mierzejewska-Krzyzowska B, Zguczynski L (2006) Topography and axonal collaterals of trigeminocerebellar projection to the paramedian lobule and uvula in the rabbit cerebellum. Acta Neurobiol Exp (Wars) 66; 2: 145-51
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Karamandilis A (1968) Trigemino-cerebellar connections in the goat studied by means of the retrograde cell degeneration method. J Comp Neurol 133: 71-88
Marfurt CF, Rajchert DM (1991) Trigeminal primary afferent projections to « non-trigeminal » areas of the rat central nervous system. J Comp Neurol 303: 489-511
Pinganaud G, Bourcier F, Buisseret-Delmas C, Buisseret P (1999) Primary trigeminal afferents to the vestibular nuclei in the rat: existence of a collateral projection to the vestibulo-cerebellum. Neurosci Lett 2; 264, 1-3: 133-6
S. A. Elias, A. Taylor and G. Somjen Direct and Relayed Projection of Periodontal Receptor Afferents to the Cerebellum in the Ferret( 1987) Proc.R. Lond B 231, 100_216
Field potentials in the cerebellar cortex of the ferret have been studied in response to stimulation of alveolar, muscular and cutaneous branches of the trigeminal nerve. Responses from the alveolar nerves are unusual in their very short latency. Evidence based on latency analysis, frequency following and comparison with other well-known inputs supports the view that the earliest field potentials are due to direct, unrelayed afferents, which terminate as mossy fibres. There is, in addition, a monosynaptically relayed afferent path via mossy fibres. The alveolar nerve afferents concerned with the direct projection are shown to come from periodontal mechanoreceptors and not from cutaneous receptors. No such connections are found from jaw-muscle spindle afferents. The direct and relayed periodontal pathways are both ipsilateral and crossed. They terminate in the cerebellar cortex in the parvermal region of lobules IV, V and VI .The functional significance of the direct periodontal afferent projection is considered particularly in the light of parallels with the vestibular system, which also has direct and relayed cerebellar projections
Traduction Pr Francis Hartmann
S. A. Elias, A. Taylor and G. Somjen( 1987) Projection directe et relayée des afférences du récepteur parodontal sur le cervelet du furet Proc.R. Lond B 231, 100_216
On a étudié un champ de potentiels dans le cortex cérébelleux du furet en réponse à une stimulation des branches alvéolaires, musculaires et cutanées du nerf trijumeau. Les réponses provenant des nerfs alvéolaires n’étaient pas usuelles dans leur très courte latence . Une évidence fondée sur l’analyse de la latence suivant la fréquence et une comparaison avec des impulsions bien connues supporte la vue que que le premier champ de potentiels est dû à des informations sensitives directes, non relayées qui se termine comme des fibres moussues. Ceci est, en addition, une voie mono synaptique afférente relayée via les fibres moussues. On montre ainsi que les nerfs alvéolaires afférents concernés avec la projection directe proviennent des récepteurs parodontaux et non des récepteurs cutanés. On ne trouve pas de telles connexions dans les fuseaux neuro musculaires des mâchoires. Les voies parodontales directe et relayée sont l’une et l’autre ipsi- latérales et croisées.Elles se terminent dans le cortex du cervelet dans la région à côté du vermis des lobules IV V et VI . La signification fonctionnelle de la projection afférente parodontale directe est considérée particulièrement à la lumière des parallèles établis avec le système vestibulaire qui possède aussi des projections du cervelet directes et relayées.
Commentaire :
Nous rappelons :
Le mécanisme de l’information sensorielle est comparable chez tous les mammifères. il ne peut s’agir que de quantité de structures étudiées et non de qualité.
Pr Hübel Prix Nobel de Médecine Professeur de Neurophysiologie HARVARD University
Le cervelet participe à l’équilibre de l’individu. Une information parasite en provenance des dents est susceptible de donner ainsi des troubles de l’équilibre, en perturbant le bon fonctionnement de l’équilibre La suppression du serrement continuel de dents abolit la sensation vertigineuse, la reprise de cette déplorable habitude la réinstalle.
Suppression dans ce cas précis du diagnostic : vertiges idiopathiques observés dans un cas de fibromyalgie
La fibromyalgie (dite de cause inconnue) n’a rien à voir à cette affaire. ll s’agit, en fait, d’un dysfonctionnement temporo-mandibulaire.
Bonjour,
J'ai vraiment besoin de votre aide.
Début 2017 j'ai eu des nausées et un vertige rotatoire de quelques secondes.
Apparement j'aurais eu une névrite vestibulaire, sauf que mon cerveau n'a pas compensé vu que je suis quelqu'un de stressée et d'hypocondriaque.
Sauf que depuis ce moment, je tangue, j'ai une sensation d'être sur un bateau constant, à l'époque c'était horrible à la marche et plus facile au coucher (mais il fallait que je regarde le télé ou le téléphone pour moins les sentir)
Maintenant dès que je m'asseois ou que je me couche ça tangue énormement… sensation de tête lourde.
j'ai eu une chute sur le menton en 2010 donc 7 ans avant. quand j'ouvre la bouche ma bouche s'ouvre de travers et ça claque à gauche.
On me dit que j'ai PPPD (persistent postural and perceptual dizziness) ou MDD's (syndrome du mal du débarquement)
J'ai mis une gouttiere quelques temps, vu des chiro et des osthéos..
Qu'en pensez-vous ?
Bonjour Laura,
Votre description clinique : chute sur le, menton en 2010 et déviation de votre mandibule à l'ouverture me fait déjà avancer le diagnostic de luxation discale de votre articulation temporo-mandibulaire (A.T.M.) du côté où se fait la déviation. A confirmer, en demandant à votre dentiste (faites lui lire ma réponse) une IRM de vos ATM. L'IRM réalisée, je veux les conclusions du radiologue dans le blog (un copié- collé)
Bien à vous
Bonjour Laura,
Votre " bouche de travers " éclaire mon diagnostic . : " bouche de travers "=: luxation discale réductilble ou irréductible de votre articulation temporo mandibulaire( A.T.M.) située du côté où se fait la déviation de votre mandibule . En conséquence : demandez à votre dentiste qu'il vous prescrive : une IRM de vos articulations temporo-mandivulaires(ATM) Il importe, avant tout, que vous m'adressiez dans ce site les conclusions du radiologue concernant cette IRM
Bien à vous